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Le football « magique et intellectuel » de Jean-Marc Furlan

Il intellectualise le foot, il y voit le terrain d’expression des idées puisées dans des bouquins, et il considère les joueurs comme des gens intelligents qu’il faut responsabiliser : le moins que l’on puisse dire, c’est que Jean-Marc Furlan est du genre à prendre du recul sur son métier. C’est à lire dans le FF n°3606 du 3 juin 2015 ; en voici un condensé.

 

Jean-Marc Furlan

Jean-Marc Furlan, un entraîneur qui voit plus loin que le football.

 

Guerre Mondiale et approche systémique

 

Gros consommateur de livres, Furlan considère que « tu ne peux pas être un bon entraîneur si tu ne t’intéresses qu’au football. Le football, c’est la vie de tous les jours, un mélange de choses. C’est remettre de l’ordre à partir d’un désordre sur le terrain, ressortir du chaos quand c’est très compliqué. Chacune de mes lectures me sert. J’essaye de les transformer et de les retranscrire dans le foot. Pour réussir, il faut avoir une approche systémique. Le tout est supérieur à la somme des parties. C’est ça, l’idée. »

Selon lui, un bon coach doit analyser le monde qui l’entoure pour être plus efficace lorsqu’il s’agit de ballon rond. Sur Footrement, on tente de formuler la réciproque : mis bout à bout, les éléments qui composent l’univers du football (personnalités, aspects médicaux, communication, relations humaines…) représentent la société sous toutes ses coutures. Se pencher sur ces points de détail, observer la vie à travers le prisme du foutchebol, c’est passionnant et ça permet de s’ouvrir au monde qui nous entoure !

Jean-Marc Furlan serait-il un professeur, davantage qu’un entraîneur ? Il assure en tout cas avoir « envie de faire découvrir des choses [aux joueurs] ». Il veut leur faire prendre conscience de toute la beauté, la richesse et même la fraternité qui transpirent du football. « Ce sport est magique, affirme-t-il. Beaucoup d’écrivains ont disserté sur le foot. C’est le seul sport où on a assisté à une équipe ukrainienne qui a battu des nazis. Mais où t’as vu ça ? Tout ça dépasse de très loin le simple fait de se faire des passes sur un terrain. Donc la conception est beaucoup plus intellectuelle que ça. ».

 

 

« Prendre les joueurs pour des adultes »

 

Selon l’ancien joueur de Bordeaux, Lyon et Lens, le joueur moderne « est plus intelligent et s’adapte mieux » qu’à son époque. Aujourd’hui, « le stoppeur de 20 ans est beaucoup moins con que je l’étais, moi », assure-t-il. Son approche est donc de « responsabiliser les joueurs et les prendre pour les adultes » pour mettre en place sa philosophie d’entraîneur.

 

En termes de jeu, « tous ceux qui sont dans l’audace et la possession du ballon m’inspirent ». Le foot néerlandais, qui « ne s’intéresse pas à la défense » mais « à la possession et à la manière de marquer des buts » constitue sa référence. Son credo : « créer du jeu » autant que possible, et « garder un état d’esprit » pour lutter contre les gros clubs. Mais sans les armes adéquates, autrement dit des joueurs de classe internationale, difficile d’appliquer ces préceptes. Celui qui a révélé des Valbuena et Chalmé ne s’en trouve pas frustré : « Faire jouer, tirer la quintessence de mes joueurs, sortir des jeunes, il est là mon plaisir. » Avant d’ajouter que quand « ta méthode passe et qu’ils l’appliquent, c’est fantastique ».

 

 

Management et bisous

 

Furlan France Football

Une interview réjouissante dans France Football n°3606

 

On comprend que Jean-Marc Furlan voue un réel respect pour les joueurs de football, même s’il avoue que les entraîneurs d’aujourd’hui ne sont plus « en prise directe avec l’équipe ». « Tu es surtout le manager et le coach d’un staff, précise-t-il. Il faut les diriger, eux, pour que les joueurs, derrière, adhèrent. » Un constat qui ne l’empêche pas d’éprouver une émotion et des sentiments bien réels à l’égard de ses joueurs : « J’aime beaucoup les footballeurs. Ce sont des gens fidèles qui se souviennent de toi. Quand un joueur, dix ans après, t’embrasse et t’offre un maillot, ça vaut tous les titres. »

 

Dingue ! Cela voudrait dire que le football ne se limiterait pas aux salaires indécents, aux dirigeants véreux et aux coiffures excentriques ? « Le foot, ce n’est pas le milieu que les gens veulent bien décrire, témoigne Furlan. Tous les milieux qui génèrent de l’argent ont des problèmes. Mais il n’est pas plus nauséabond ou néfaste qu’un autre. »

 

 

Cette interview de Jean-Marc Furlan, c’est donc un véritable plaidoyer pour le football. L’homme est dans le milieu depuis longtemps, pourtant son amour pour ce sport est intact. Une vision réjouissante, celle d’un homme pour qui le foot est définitivement plus qu’un gagne-pain. Et, surtout, « plus que des passes sur un terrain ».
 

 

Photo de Furlan by Ericdurand2011 (Own work) [CC BY-SA 3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0)], via Wikimedia Commons

 

 

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