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Steve Savidan, loin des clichés sur les joueurs de foot

L’autobiographie de Steve Savidan, Une balle en plein cœur, retrace le parcours d’un joueur attachant et atypique. Et rappelle que certains joueurs de foot ont de belles histoires à raconter.

Steve Savidan au naturel

Savidan a su rester simple et ancré dans le réel.

Steve Savidan était un joueur hors du commun, loin des mecs formatés qui constituent la majorité des joueurs de foot aujourd’hui. Parcours sinueux, galères et franc-parler : le natif d’Angers a connu une vie et une carrière agitées. Même sa retraite footballistique s’est décidée de manière peu commune. En juin 2009, alors qu’il s’apprête à signer à Monaco, des examens cardiaques révèlent dysplasie ventriculaire droite arythmogène. Cette malformation le rend inapte à la pratique du sport de haut niveau. Il met fin à sa carrière le jour de ses 31 ans.

Son autobiographie Une balle en plein cœur, coécrite avec David Berger, le journaliste de Canal +, se révèle particulièrement agréable à lire.

On y apprend qu’il était un garçon dissipé en classe, où il excellait plutôt dans le rôle du clown de service. La jeunesse de Savidan n’est pas particulièrement drôle : issu d’une famille pas très riche, il reçoit une éducation très rigide de la part d’un père qui n’accorde que peu de distractions à ses enfants.
Steve Savidan considère que ce manque de soutien et d’affection a contribué à faire de lui un « autodidacte endurci ».

 

Fier d’être éboueur

 

Ce qui rend Savidan si attachant, c’est son côté naturel, spontané, authentique.

À vingt ans, son contrat au SCO d’Angers lui rapporte 450 € par mois. Sa copine, qui deviendra sa femme, travaille chez Quick… Les fins de mois sont donc difficiles. Quand à la fin de la saison 1998-99, il signe à Châteauroux un contrat à 4 500 € par mois, il profite de la trêve estivale pour travailler… en tant qu’éboueur à la ville d’Angers. Un boulot que son oncle lui avait trouvé lorsque Savidan avait des difficultés financières.

Le joueur honore ce contrat non seulement par principe (« vis-à-vis de mon oncle et de toutes ses démarches, c’est une proposition que je ne peux refuser »), mais aussi parce qu’il devine que ces huit semaines au service de la ville peuvent être enrichissantes :

« C’est aussi une expérience unique, qui va me permettre de découvrir un nouvel univers et d’améliorer considérablement le portefeuille conjugal ».

Payé 800 € par mois pour ramasser les poubelles, Savidan retient l’ambiance joyeuse et son intégration rapide, et assure qu’ « une relation fraternelle s’est instaurée avec l’ensemble de la profession ».

Retenir autant de choses positives d’un boulot d’éboueur, c’est quand même le signe que le bonhomme ne pète pas plus haut que son cul, non ?

 

Dix pompes en plein match, panne de réveil, putes

 

Mais le côté détaché et l’attitude nonchalante de Savidan ne plaisent pas à tout le monde. En U17 au SCO d’Angers, son entraîneur lui réserve un traitement de faveur lorsqu’il n’est pas performant à l’entraînement : des séries de pompe. Steve Savidan y est tellement habitué qu’un jour de match, après un contrôle manqué, il s’arrête de jouer et va vers son entraîneur pour effectuer une série de dix pompes ! Une réaction « autant par réflexe que par provocation ».

On se marre devant ces anecdotes, mais d’autres maladresses du joueur lui ont causé quelques soucis. Notamment lorsque, pendant un rassemblement avec Châteauroux, le futur Valenciennois et Schuman Bah demandent à changer de chambre d’hôtel pour fuir la proximité de l’ascenseur. Mais, oubliant de se réveiller pour une séance d’entraînement, ils sont mis à l’écart et rayés de la feuille de match suivante. Savidan est même accusé dans la presse de « déshonorer le maillot ». Un quiproquo fâcheux : des prostituées avaient en fait été aperçues, quittant la chambre initialement attribuée aux deux joueurs…

 

Équipe de France : un mec vrai au milieu du bling-bling

Une balle en plein coeur Savidan

Politiquement correcte, mais loin d’être lisse : la bio de Savidan mérite l’attention

La convocation en Équipe de France est narrée comme le point d’orgue de la carrière de l’attaquant roi des bicyclettes. On sent qu’il s’agit pour Savidan d’un rêve inespéré et d’une sincère fierté. Il raconte comment il a apprécié chaque moment du rassemblement à Clairefontaine, conclue par le mémorable France – Uruguay du 19 novembre 2008. Dans ce 0-0 inoubliable par son ennui et sa médiocrité, l’entrée de Savidan en deuxième période avait constitué le seul plaisir pour les spectateurs gelés (je le sais, j’y étais !).

Joueur de Caen à l’époque, Savidan mesurait parfaitement la chance qu’il avait de faire partie de l’élite du foot français. Mais s’il assure que ses partenaires étaient tous sympas et attentionnés (Ribéry en tête), il comprend clairement qu’il ne fait pas partie du même milieu. Et formule ce qui n’est pas un regret mais un constat : « ah ! si j’avais fait plus de sacrifices, si j’avais été plus à l’écoute, j’aurais peut-être goûté plus rapidement au football de haut niveau. »

Peut-être que Steve Savidan serait devenu un footballeur froid et lisse, aseptisé comme peuvent l’être certains footballeurs bling-bling…

Alors personnellement, je suis bien content qu’il ait eu des ratés dans sa carrière, qu’il soit resté tel qu’il est : un mec humble. Avec des histoires et des tracas très terre à terre.
 
 
 

Crédit photo Savidan en tee-shirt : Sefyu93000Steve-SAVIDAN-Nydess.jpg. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.

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